Îlots urbains

Récit d’un berger en ville

Pâturage urbain: éthique agricole ou esthétique factice?

«Le spectacle est le moment où la marchandise est parvenue à l’occupation totale de la vie sociale.»

— Guy Debord

Je suis dans un parc, assis sur la paille d’une bergerie bricolée de cinq mètres carrés, dans un quartier où les citoyens votent plutôt à gauche et dont la mairie d’arrondissement est avant-gardiste. C’est cool. J’y exerce un métier peu commun, celui de berger urbain. J’ai la garde de dix moutons, bien peu par rapport à une vie d’avant où j’étais berger d’alpage et que j’en gardais deux mille. On reçoit beaucoup de citoyens, au troupeau.

Dans trois parcs de Montréal, je vais montrer l’éco-pâturage, pratique ancestrale qui s’est perdue mais qui tend à revenir comme moyen écologique d’entretenir des parcelles, des friches, en zones agricoles comme en ville, mais surtout tenter de retisser un lien brisé entre la cité et les rangs, de lever le voile sur ce qui se passe sur les parcelles qui nourrissent la ville.

La pluie qui tombe lentement du ciel sans lumière vide la vie de Montréal, en ce morne après-midi de juillet. J’ai un spleen urbain. Il y a eu un temps où mes spleens venaient de la brume des hautes cimes; j’étais hors du monde.

Mathyas Lefebure a défroqué de la publicité pour devenir berger en Provence. Après une dizaine d’années dans les alpages et deux romans, il se consacre à l’écriture et à l’agriculture, entre le Québec et la France.

N° 320: Îlots urbains

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