Vingt-deux recommandations
En 2008, la ministre Michelle Courchesne fit vingt-deux recommandations pour «mieux soutenir le développement de la compétence à écrire». Malgré un accueil plutôt favorable par les acteurs du milieu, ces recommandations sont demeurées lettres mortes. La même chose, au cours des années 1990, était d’ailleurs arrivée au Plan d’action pour la promotion et l’amélioration du français dans les établissements d’enseignement collégial du ministre Claude Ryan.
1 — Comme le programme d’enseignement du français à l’ordre primaire et le programme d’enseignement du français à l’ordre secondaire ont été écrits par des personnes différentes à des époques différentes, le Comité recommande que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport mette sur pied une seule équipe de rédacteurs pour procéder à leur harmonisation. L’écriture ultérieure du programme de cinquième secondaire devra s’arrimer à cette harmonisation.
2 — Le Comité recommande au Comité d’agrément des programmes de formation à l’enseignement de voir à ce que les programmes de formation initiale à l’éducation préscolaire et à l’enseignement primaire accroissent les exigences générales pour l’enseignement du français, notamment en ce qui regarde le développement de la compétence à écrire des élèves.
3 — Dans le but de renouveler le personnel enseignant de français sans diminuer sa qualité, le Comité recommande aux universités de mettre en place des conditions facilitant, d’une part, l’accès à des maîtrises qualifiantes en enseignement du français et, d’autre part, l’accès, par le moyen de passerelles, au baccalauréat en enseignement du français au secondaire aux étudiantes et aux étudiants venant d’autres programmes universitaires, comme la linguistique, les sciences du langage ou la littérature (français).
4 — Le Comité recommande que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport fasse en sorte que l’enseignement du français au secondaire soit obligatoirement assuré par une enseignante ou un enseignant spécialisé en français, ou par une enseignante ou un enseignant inscrit dans un programme de formation continue en français, ce qui implique une modification du Règlement sur l’autorisation d’enseigner.
5 — Le Comité recommande que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport voie à ce que les programmes de formation à l’enseignement en formation professionnelle au secondaire assurent l’acquisition et l’utilisation du vocabulaire technique et du lexique propres aux diverses professions enseignées.
6 — Le Comité recommande aux universités de s’assurer qu’il y a un espace de formation commune entre le baccalauréat de formation à l’enseignement primaire et le baccalauréat de formation à l’enseignement secondaire, d’une part, et les baccalauréats de formation en adaptation scolaire et sociale, d’autre part, en vue d’assurer une meilleure formation langagière des enseignantes et des enseignants en adaptation scolaire et sociale.
7 — Le Comité recommande que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport mette en place des mesures incitatives pour favoriser la formation continue en français des enseignantes et des enseignants du primaire et du secondaire par rapport aux objets nommés au chapitre 3.3 du rapport.
8 — Le Comité recommande que les universités mettent en place, en collaboration avec les services éducatifs des commissions scolaires et des établissements privés, des programmes souples de formation continue répondant aux besoins du milieu scolaire.
9 — Le Comité est d’avis que le rôle du conseiller pédagogique est capital dans le processus de la formation continue à l’enseignement. Il recommande donc que les commissions scolaires embauchent des conseillères pédagogiques et des conseillers pédagogiques de français, bien formés et en nombre suffisant, au primaire et au secondaire.
10 — Le Comité recommande au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport et aux universités de voir à ce que la formation continue visant à former de nouvelles conseillères pédagogiques et de nouveaux conseillers pédagogiques de français soit mise en place au deuxième cycle universitaire.
11 — Le Comité recommande que chaque commission scolaire francophone se dote d’une politique linguistique institutionnelle qui couvre tout autant les pratiques d’apprentissage de la langue française dans les écoles sous sa responsabilité que ses propres pratiques de communication écrite publique, avec obligation pour chaque école de rendre des comptes à la commission scolaire.
12 — Le Comité recommande au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport d’assurer que le régime pédagogique du secondaire garantit un minimum de deux cents heures d’enseignement du français, par année, durant les trois premières années du secondaire.
13 — Le Comité recommande que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport mette en place des conditions qui facilitent l’accompagnement dans l’apprentissage de l’écriture des élèves allophones, telle la réduction du nombre d’élèves par classe.
14 — Le Comité recommande que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport mette en place des conditions qui facilitent l’accompagnement dans l’apprentissage de l’écriture des élèves à besoins particuliers, telle la réduction du nombre d’élèves par classe.
15 — Le Comité recommande que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport entreprenne une recherche visant à explorer de quelle façon pourrait être exploité le goût des jeunes pour une écriture spontanée dans le but de développer leur compétence à l’écrit. Une telle recherche devrait viser la conception d’approches pédagogiques innovatrices.
16 — Le Comité recommande que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport encourage des recherches pour mieux adapter l’enseignement de l’écriture et son évaluation à l’environnement technologique des jeunes, pour qui l’informatique est un outil normal de production d’écrits, et pour que soient utilisés de façon efficace les nombreux outils d’aide à la rédaction, à la correction et à la révision des textes.
17 — Le Comité recommande que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport mette en œuvre les stratégies du Plan de mise en œuvre de la politique d’évaluation des apprentissages édictées en 2003 en ce qui touche particulièrement le soutien à l’apprentissage, afin d’aider les enseignantes et les enseignants à appuyer sur des documents leur jugement sur les productions écrites des élèves.
18 — Le Comité recommande aux commissions scolaires d’établir des mécanismes permettant le transfert de l’information sur le développement des compétences en écriture de l’élève, au moment de son passage de l’ordre primaire à l’ordre secondaire.
19 — Le Comité recommande au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport d’entreprendre une réflexion sur l’épreuve unique de fin de cinquième secondaire pour examiner la possibilité d’y offrir d’autres choix que le texte argumentatif et pour étudier le poids relatif du lexique dans les critères d’évaluation de cette épreuve.
20 — Le Comité recommande au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport de voir à la création d’un portail informatique pour permettre un meilleur accès à la documentation touchant l’enseignement du français.
21 — Le Comité recommande que le Comité d’agrément des programmes de formation à l’enseignement demande aux responsables des programmes universitaires de faire en sorte que les étudiantes et les étudiants en formation à l’enseignement soient informés sur les rectifications de l’orthographe.
22 — Le Comité recommande que la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport voie à la création d’un organisme permanent qui aura comme mandat à court et à moyen termes d’assurer le suivi des recommandations du Comité d’experts sur l’apprentissage de l’écriture et, à plus long terme, de veiller à ce que soit assurée la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage du français au Québec.
Mieux soutenir le développement de la compétence à écrire, ministère de l’Éducation, 2008.