Francine Pelletier
De La vie en rose à aujourd’hui
Liberté — Comment en êtes-vous venue au journalisme?
Francine Pelletier — Par le féminisme, en fait. J’ai fait un bac en lettres à l’Université d’Ottawa en 1970 et, ensuite, une maîtrise en littérature à l’Université d’Alberta. Ce dernier passage a d’ailleurs été capital dans ma vie, car je me suis trouvée confrontée à qui j’étais.
Venant d’Ottawa, j’avais toujours tenu le français et l’anglais pour acquis. Ma mère est une Simard, mon père un Pelletier, mais on baignait dans l’anglophonie et mes deux grand-mères sont irlandaises. Je n’avais jamais, avant de séjourner en Alberta, fait beaucoup de distinction entre les deux. Et comme le propre de la culture dominante est de dominer et que, lorsqu’elle est minoritaire, on perçoit la culture francophone comme étant plus cheap – elle est dévaluée, disons –, je n’avais pas tendance à m’y identifier. On avait beau parler français à la maison, spontanément je lisais le journal anglais, qui me semblait meilleur. La musique que j’écoutais était aussi souvent anglaise et, comme tout le monde, en rentrant dans l’autobus, même en sachant que le chauffeur était probablement francophone, je disais: «Transfer please.»
Francine Pelletier est journaliste et documentariste. Elle tient également une chronique au quotidien Le Devoir.