Contempler le rêve

Quand la lune solitaire paraît à l’horizon.

Alors que le Moyen-Orient est secoué par une autre crise, que la Russie dévore l’Ukraine, que l’État islamique coupe les têtes et terrorise les journalistes, qu’au Nigeria les jeunes filles sont kidnappées malgré une grande et très impuissante indignation de l’Occident, qu’Ebola menace l’Afrique et la planète, que le monde entier semble prêt à se faire violence, j’ai envie de me transformer en une mauvaise Ariane et couper le fil Twitter de notre civilisation terrestre hyperconnectée. J’aspire à oublier pour un instant mes ruminations politiques et les actualités presque toujours déjà caduques et je vais tenter de me réfugier dans les considérations les plus inactuelles et les plus intempestives qui soient.

Je rêve d’être comme Victor Hugo, le poète engagé, qui écrivait pourtant: «Je suis un homme qui pense à autre chose.»

Penser à autre chose, sans spécifier quoi, en laissant les idées aller au hasard, follement, lentement, est peut-être nécessaire alors que nous sommes agrippés désespérément au présent et à sa vitesse. Parce que penser à «cela», à ce qui nous préoccupe si fort, tout le temps, demande une réflexion que seuls l’oubli et l’écart peuvent susciter.

Catherine Mavrikakis est essayiste et romancière.

N° 306: Faire moins avec moins

La suite de cet article est protégée

Vous pouvez lire ce texte en entier dans le numéro 306 de la revue Liberté, disponible en format papier ou numérique, en librairie, en kiosque ou via notre site web.

Mais pour ne rien manquer, le mieux, c’est encore de s’abonner!