Faire moins avec moins

L’austérité au temps de l’abondance

De l’argent, il y en a. Mais pas pour tout le monde.

À quelques jets de pierre du Colisée Pepsi, demeure des feus Nordiques de Québec, les ouvriers s’affairent sur le chantier du nouvel amphithéâtre de la ville. L’ouverture officielle de cet ouvrage de quatre cents millions de dollars est prévue pour le mois de septembre 2015. En attendant l’heureuse date, les fans de hockey de la Capitale-Nationale rêvent d’attirer à nouveau une équipe de la lnh grâce à cet aréna financé à même les fonds publics provinciaux et municipaux.

À la mi-juillet, alors que des journalistes déambulaient dans le nouveau bâtiment du quartier de Limoilou pour constater l’avancement des travaux, des syndiqués du csss de Laval faisaient aller leurs pan­cartes en espérant interpeller le ministre de la Santé et sensibiliser l’opinion publique aux conséquences qu’auront assurément pour la population les coupes de l’ordre de douze millions de dollars annoncées par le gouvernement libéral. Aucune réduction du personnel-cadre n’est à l’ordre du jour, mais on sait d’ores et déjà que des postes d’infirmières auxiliaires de nuit seront supprimés et que le nombre d’heures supplémentaires sera revu à la baisse.

Bienvenue dans le règne de l’austérité à l’ère du gaspillage de masse. Toutes les dépenses sont permises, pourvu qu’il ne soit pas question de nous faire croire à nous, les petites gens, que la raison d’être du gouvernement est de répondre aux besoins de ses soi-disant commettants. Avant de me traiter de rabat-joie, sachez que mon intention n’est nullement de m’en prendre à notre illustre sport national. Je dirais plutôt ceci: l’État néolibéral n’est pas un État minceur, qui dépense prudemment comme seul un bon père de famille pourrait le faire. L’État néolibéral est plutôt celui qui donnait en 2011 à une compagnie représentée par un ancien conseiller politique du premier ministre de l’époque un contrat de deux cent quarante millions de dollars pour installer quarante mille indispensables tableaux blancs interactifs dans les écoles primaires et secondaires de la province. Pendant ce temps à Montréal, des élèves étaient chassés de leur école de quartier par de vilaines moisissures ayant élu domicile dans les murs de leur établissement. La situation dure depuis plus de deux ans, mais la Commission scolaire de Montréal, responsable des bâtiments infectés, a elle aussi dû mettre le cap sur l’équilibre budgétaire. Bref, tout porte à croire qu’une solution est à portée de main dans ce dossier.

Julia Posca est doctorante en sociologie à l’UQAM et chercheuse à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS).

N° 306: Faire moins avec moins

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