Jouer à jouer
Au NoShow, il n’y a pas de rideau. Il y a de longues banquettes où l’on s’assoit cordés à l’Espace libre devant l’ordre du jour de «L’assemblée générale extraordinaire (
Mettant en jeu la violence du système de subventions dans le milieu des arts et les conditions difficiles du métier de comédien, le spectacle dénonce la précarité du milieu théâtral québécois. Bien que le sujet ne soit pas tout à fait neuf, le NoShow propose une façon audacieuse de porter à la scène ces préoccupations, dans un dispositif qui oblige le spectateur à sortir de sa zone de confort; on le prend, de force, on lui tord le bras, on lui fait vivre cette précarité plutôt que de la lui montrer. Poussé à prendre conscience des responsabilités et des conséquences de son rôle, le spectateur est placé dans une posture toujours instable, plus active qu’à l’habitude. Même s’il accepte de jouer le jeu, de choisir le prix de son billet anonymement quitte à ne pas débourser un sou, même s’il obéit et utilise son téléphone cellulaire en pleine représentation pour voter, les comédiens lui demanderont des comptes… Dans la salle, quelqu’un se fera interpeller par un des acteurs à qui l’on a refusé la scène, un autre spectateur devra appeler un ami pour lui dire pourquoi il aime aller au théâtre, puis tous se déplaceront de la salle à la rue pour apprendre ce qu’un passant a «appris du théâtre», avant de prendre part à une joyeuse bataille de guimauves.