Résistance identitaire
Je suis une spectatrice québécoise et travailleuse du milieu théâtral. J’ai commencé des études autochtones récemment pour mieux comprendre le lieu que j’habite, avec qui je l’habite et, surtout, comment. Mon cheminement se nourrit de rencontres diverses, dont celle-ci, avec la dernière production d’Ondinnok, Nmihtaqs Sqotewamqol / La cendre de ses os, présentée à la Licorne en novembre. Dave Jenniss, directeur artistique de la compagnie depuis 2017 et successeur de son fondateur, Yves Sioui Durand, y présente un portrait contemporain d’individus et de familles de la communauté Wolastoqey, et de leur rapport à la notion d’identité. En contraste avec le théâtre très ritualisé des premières années d’Ondinnok, le ton est ici plutôt réaliste et naturel.
La remise en question de l’appartenance des Kaktanish à la nation wolastoqey par leur rival, Sébastien Tiennis, nourrit le récit. Martin Kaktanish, déçu de n’avoir pas appris quelques éléments culturels wolastoqey, entame un périple sur le territoire à la mort de son père, Rolland. Son frère François, adversaire politique de Sébastien Tiennis, tente quant à lui de défendre son appartenance à la nation par le développement économique régional. Dans cette trame principale se glissent des flash-back d’un procès auquel avait témoigné leur père et au cours duquel son appartenance wolastoqey fut attaquée.
Les dimensions personnelles et existentielles sont à l’avant-plan du drame identitaire des Kaktanish. Néanmoins, et sans en faire un discours explicite, le récit de Jenniss porte à la scène les effets délétères du colonialisme. Pour aller à la rencontre de ce texte, je me propose donc de commencer par mettre en évidence cette sous-couche contextuelle. L’Histoire sous l’histoire.