De l’amour dans le hood
Une bataille a été gagnée. Après maints contournements et malgré un malaise persistant, il est désormais moins ardu de parler de racisme. Il y a cinq ans à peine, pour éviter la réprobation ou une fermeture totale, il fallait sans cesse avoir recours à des euphémismes: discrimination, préjugé, ignorance, stigmatisation, rejet… Ce n’est pas que le racisme et tout ce qu’il englobe en tant que phénomène soient désormais reconnus par tous et toutes, mais le sujet, de pair avec l’antiracisme, est devenu plus audible dans l’espace public.
Sans surprise, les courants conservateurs tentent de contrecarrer la fragile légitimité qu’acquièrent ici et là les revendications antiracistes. Depuis à peu près une décennie, au Québec comme ailleurs, il n’est pas exagéré de parler d’une hausse fulgurante de l’extrême droite. Dans la province, on a vu naître des groupes comme Atalante, Storm Alliance, La Meute et la Fédération des Québécois de souche. Plus récemment, une offensive contre la soi-disant culture woke déferle tant dans les journaux qu’à l’Assemblée nationale. Il n’y a donc évidemment pas de consensus à propos de la portée et des déclinaisons du racisme au Québec, et l’antiracisme n’avance pas sur une route dégagée, tant s’en faut. Reste qu’un changement culturel a bel et bien lieu. L’entrée dans le langage courant de la notion de «racisme systémique» – bien qu’elle continue d’être contestée – témoigne de cette évolution.
Hoodstock est l’un des protagonistes qui ont contribué à cette avancée. La mission principale de l’organisation est de lutter contre les inégalités systémiques, en particulier à Montréal-Nord. Dès ses débuts, elle s’est montrée avant-gardiste et courageuse en s’attaquant à des enjeux jugés maintenant incontournables au sein des milieux progressistes, comme le profilage racial pratiqué par les services de police.
Dalila Awada vit et travaille à Montréal-Nord. Elle est diplômée en sociologie de l’Université de Montréal (maîtrise ès science). Elle est chroniqueuse au journal Métro et à MAtv.