La moitié du monde
On s’étonnera peut-être de voir Liberté consacrer un dossier au féminisme. La revue, à travers son histoire, a en effet traîné la juste réputation d’être une taverne. C’est d’ailleurs un reproche qui nous est encore parfois adressé. Pour comprendre dangereusement, la thématique nous semblait donc à propos.
Des suffragettes aux féministes actuelles, chaque décennie a porté ses revendications, mais a aussi vu une pensée naître, un mouvement s’articuler et une parole être prise. Le féminisme s’emploie à lire le monde autrement. En ce début de vingt et unième siècle, nous avons voulu explorer ce que, spécifiquement, il permet de déchiffrer de la situation contemporaine. Que nous donne-t-il à voir qu’aucune autre lecture n’éclaire? Que révèle-t-il? En bref, quel portrait nous aide-t-il à dresser du monde dans lequel nous vivons?
Comme tout mouvement porté par un regard visionnaire, le féminisme se présente tout à la fois comme une éthique et une utopie. Au-delà des nécessaires combats pour des enjeux précis, telle l’équité salariale, le féminisme s’avère ainsi d’abord une exigence: doter d’un véritable poids politique ce que le pouvoir tait et tient à distance.
Ce dossier veut rendre compte de la diversité des stratégies possibles pour nommer la domination et la faire disparaître.