Nous sommes tous humains animés par le sensible
Du 23 novembre au 5 décembre 2020 s’est tenu à Port-au-Prince la dix-septième édition du festival Quatre Chemins, événement interdisciplinaire consacré aux arts vivants, à la littérature et au foisonnement de la pensée, largement accessible à la population. Son directeur artistique, Guy Régis Jr, est écrivain, metteur en scène et réalisateur. Grand passeur de textes, il a traduit en créole des œuvres d’Albert Camus, Maurice Maeterlinck, Marcel Proust et Bernard-Marie Koltès. De 2012 à 2014, Guy Régis Jr dirige la section théâtre de l’École nationale des arts d’Haïti. Ce souci de transmission marque d’ailleurs son arrivée à la tête du festival, où il met tout en œuvre pour permettre le développement des pratiques artistiques en Haïti, à travers des rencontres et des formations avec des artistes établis, locaux ou invités, favorisant le contact avec un riche réseau francophone africain, européen et nord-américain. N’eût été la pandémie, le travail de Guy Régis Jr aurait été présenté à Montréal en décembre dernier. Le laboratoire autour de son texte Quel dernier grand conflit pour satisfaire la haine entre les hommes, prévu au théâtre Prospero, s’est déroulé malgré tout, sans public, entre la salle de la rue Ontario, où se trouvaient les acteurs, et Port-au-Prince, où réside l’artiste, grâce à l’intelligence des machines. Guy Régis Jr livre ici une réflexion sur la nécessité de ce festival phare de la capitale haïtienne.
À quoi servent les arts dans nos pays, dans notre monde démis et masqué?
À quoi servent les arts dans un pays où l’on séquestre, martyrise, torture, tue, massacre?
À tout, sauf à se taire.
Car y aurait-il une folie que les arts ne puissent raisonner?
Car y aurait-il une raison que l’art ne puisse déraisonner?
Tous les arts sont frères de l’humain! Ils lui prennent la main.
Lui montrent le chemin. De la raison. De la déraison.