Dialectique à l’américaine
Si vous vous demandez quel est l’intérêt de suivre la course à l’investiture démocrate, laissez-moi vous raconter une anecdote éclairante. Récemment, des «chroniqueurs» de chez nous commentaient les résultats d’une élection primaire sur les ondes de la radio publique, durant les heures de grande écoute. Ces deux commentateurs issus de nos «grands» quotidiens étaient intarissables au sujet du sérieux, ou plutôt de l’absence de sérieux, de la candidature de Bernie Sanders.
Qu’on déteste le sénateur indépendant du Vermont pour ses idées ou sa personnalité, cela est parfaitement concevable. Néanmoins, les propos de ces deux commentateurs étaient inquiétants sur deux aspects. Tout d’abord, dénigrer en bloc le programme du candidat «socialiste» revient à attaquer indirectement la québécitude. Ceux qui voient en Sanders un dangereux «radical» auraient intérêt à s’intéresser à ses propositions d’un peu plus près. Ils découvriraient que sa plateforme est en bonne partie inspirée… des politiques québécoises. Plus navrante encore était leur satisfaction évidente à répéter mot à mot toutes les lignes de communication élaborées par les spin doctors de l’establishment démocrate, et relayées par la presse libre™.
Que nos «élites» provinciales néo-colonisées fassent passer pour de l’ouverture au monde le fait de se vautrer dans la grosse presse américaine comme des cochons dans leur bauge, c’est une chose. Toutefois, force est de constater que les symptômes de l’hégémonie culturelle américaine s’accumulent et s’aggravent, à mesure que notre pare-feu francophone s’étiole. Nous sommes après tout plus susceptibles que jamais auparavant d’être exposés à la propagande du cinéma hollywoodien et à ses métastases, comme celles évoquées plus haut.