Des barricades pour sauver la planète
En février dernier, j’ai participé au rassemblement annuel du Programme régional de protection du territoire Dehcho K’éhodi à l’école secondaire Liidlii Kue, dans la région du Dehcho, au Denendeh (Territoires du Nord-Ouest), dans le cadre de mon travail au Centre de recherche et d’apprentissage Dechinta. J’ai assisté là-bas à une journée de présentations extraordinaires offertes par des Dénés à propos des programmes d’immersion dans le territoire mis en place dans leurs communautés. À la fin de la journée, mon cœur débordait d’espoir et d’inspiration; j’avais vu, présentation après présentation, des photos d’aîné·es et de jeunes qui s’adonnaient à la pêche, au tannage de peaux, à la cueillette de baies, au touffetage de poils d’orignaux, et qui, tout au long de l’année, avaient fait du canot sur le fleuve. J’ai vu tous ces intervenant·es témoigner de leur amour profond pour le territoire, le Dehcho (fleuve Mackenzie), le déné zhatié (la langue) et le mode de vie déné.
À la fin du rassemblement, j’ai écouté, en traduction, Jim Antoine – ancien premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, longtemps ministre et membre du Conseil exécutif territorial et ancien chef de la Première Nation Liidlii Kue – exprimer son soutien aux chef·fes héréditaires wet’suwet’en et à leurs allié·es au camp Unist’ot’en. Ses mots étaient d’une simplicité frappante: ceci est notre demeure et il faut la protéger, pas seulement aujourd’hui, mais dans l’avenir aussi.
J’ai entrepris le long périple pour rentrer chez moi – en territoire anishinaabe, au centre de l’Ontario. J’ai fait une première escale à Yellowknives Dene, Somba K’e (Yellowknife, Territoires du Nord-Ouest); à mon arrivée, Global News rapportait que 61% des Canadien·nes s’opposaient aux barricades et aux blocages en solidarité avec les Wet’suwet’en, mais que 75% des personnes sondées souhaitaient pourtant aider les peuples autochtones.