Critique – Littérature

Une thérapie par le rire

Celui qui prenait «souvent l’avion pour se rendre au dépanneur» nous revient avec son troisième recueil publié aux Éditions de l’Écrou. Sept années se sont écoulées depuis que Frédéric Dumont nous a offert Volière. On y découvrait un auteur contaminé par une vision trasho-romantique d’un Hochelaga plusieurs fois fantasmé dans les parutions poétiques de la dernière décennie. L’auteur s’y retrouvait dans l’impossibilité d’assumer sa propre vulnérabilité autrement que sous la forme d’une défaite. On y apprenait que son je est un être malade, que l’on a handicapé d’«un cul-de-sac dans la poitrine». Un homme qui ne sait faire autrement que de se mettre en quarantaine: «Je marche jusqu’à la pharmacie / je m’achète un oiseau». Ce qui s’annonçait comme une promesse de liberté n’était en fait qu’une cage de paranoïa. L’Hochelaga de Dumont nous apparaissait comme un véritable supplice de Tantale, monde à l’oxygène rare et dispendieux où lorsque «toutes les têtes sont tournées vers le ciel le ciel a encore changé de page».

Le «cul-de-sac» devait être encore plus profond qu’il ne le pensait, car Je suis célèbre dans le noir nous convie à une rencontre avec un auteur désormais emmuré, enseveli. Le poète est en retour forcé chez sa mère. Armé de sa posologie, il jette l’ancre dans le banal nécessaire à celui qui doit panser ses plaies. L’ombre «du jour qui déploie ses ordres» persiste encore. Dehors est toujours une déception, un danger. Même le sommeil n’arrange rien: «c’est un symptôme / un vin de grande guerre / c’est la nuit et rêver / dépend / des mâchoires». Oui, comme Frédéric Dumont, nous ne sommes plus à l’abri nulle part.

On observe un garçon soupeser sa fatigue. On le voit «plier ses vêtements, regarder des heures et des heures de télévision», être effrayé à l’idée de travailler, chatter avec son amie qui lui dit «j’ai vu l’avenir et lol». Le tangible de l’anecdote ne semble pas encore assez stable pour qu’il puisse prendre appui, car, malgré tout, «il se défenestre encore pour aller prendre l’air». À force de le voir éplucher son désespoir journalier, j’en deviens moi-même malade. Je me mets à demander «comment ça va?» à mes voisins, à moi-même, à mon époque et lol…

N° 325: 60 ans de luttes et d’idées

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