Critique – Littérature

Scènes de l’écriture

Avec La femme assise, Clémence Dumas-Côté réitère l’importance de la place que prend la parole dans sa démarche artistique, comme on a pu le constater dans son premier recueil, L’alphabet du don. La poète approfondit cette recherche en donnant à son nouveau recueil la forme de dialogues. Le caractère situationnel, mais aussi tendu vers l’autre du théâtre crée un paradoxe fécond avec celui généralement in utero de la poésie (contenue dans les pages et destinée à une réception individuelle). L’articulation du titre, du texte et de la posture de la Femme assise, qui se trouve dans un élan double de composition littéraire et de contemplation de photos, donne lieu à une poésie qui, à l’image du théâtre et de la photographie, sait se mettre en scène.

Le dialogue oppose la Femme assise, écrivaine dont Dumas-Côté trace le portrait, aux Poèmes. Inscrits comme personnages au même titre que la Femme assise, ceux-ci s’expriment à la manière d’un chœur, ce qui crée un effet névrotique auquel contribue l’usage fréquent de parenthèses. En résulte une espèce de confrontation fictionnalisée entre la Femme assise et sa propre création, une mise en abyme singulière de l’acte d’écriture, procédé soutenu avec souffle par l’autrice. De cette façon, Dumas-Côté infuse la poésie dans une structure tirée de la dramaturgie et transforme le poème en partition. Les jeux discursifs (didascalies, parenthèses, zeugmes) engendrent différents niveaux de réalité. Tout ce travail structurel nous conduit à ranger le recueil du côté d’un formalisme sans compromis. Ainsi, des images aussi tranchantes que«une vis à gypse transperce ton crâne», entre autres exemples nombreux, se trouvent atténuées par la distance que créent ces choix esthétiques, de même que par le recours à l’étrange:

N° 324: Au marché des corps

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