Hors dossier

Lettre à Monsieur Lassonde

Monsieur Pierre Lassonde
Investisseur philanthrope
Franco-Nevada Corporation
199, Bay Street – Suite 2000
P.O. Box 285
Commerce Court Postal Station
Toronto, Ontario
M5L 1G9

Monsieur Lassonde,

C’est un honneur pour moi de m’adresser à un philanthrope de votre trempe, nommé «haut dirigeant socialement engagé» de l’année 2018 par la revue Les Affaires. Un titre d’ailleurs fort mérité: vous vous êtes rendu célèbre en redonnant à la société une partie de vos revenus. Vous avez offert 10 millions de dollars au projet d’agrandissement du Musée national des beaux-arts du Québec (dont un pavillon porte aujourd’hui votre nom) et vous multipliez les dons aux universités, au Canada comme aux États-Unis. Vous êtes reconnu comme un grand mécène, collectionneur de tableaux de peintres québécois.

Mais permettez-moi de vous exprimer ma déception quant à l’attitude regrettable que le Panama, pays pourtant reconnu pour sa mansuétude envers les hommes d’affaires, démontre à votre endroit. Voilà maintenant deux ans que ce petit pays refuse une prolongation de concession à l’entreprise Orla Mining, basée à Vancouver, et à sa filiale locale Minera Cerro Quema SA (MCQSA), l’empêchant de mener à bien son projet de mine d’or Cerro Quema. Ce n’est pas tout: les autorités panaméennes n’ont toujours pas approuvé l’étude d’impact environnemental que cette compagnie minière, dont vous êtes le deuxième actionnaire, derrière Goldcorp, a déposée en janvier 2015.

Ces temps-ci, la rumeur d’une fermeture de la mine plane même sur la région. D’après mes informations, 67 employés de MCQSA ont été remerciés à la fin janvier, et ils ne sont plus qu’une douzaine à travailler sur le site de ce qui devait devenir, d’après la communication de l’entreprise, une gigantesque mine à ciel ouvert. Il ne s’agissait pas de la première vague de licenciements: il y a déjà eu plus de 180 travailleurs à Cerro Quema, au cœur d’une région pauvre, la péninsule d’Azuero, où les promesses de retombées économiques ont alimenté les espoirs d’une partie de la population – et créé des dissensions avec ceux qui militaient pour la protection de l’environnement.

Journaliste indépendant, Rémy Bourdillon collabore à différents médias québécois et français. Il est l’auteur de Faire campagne, bédéreportage sur le milieu agricole québécois.

N° 324: Au marché des corps

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