Saint Lindon, priez pour nous, pauvres pécheurs
En guerre est-il un film social? Oui, puisqu’on y met en scène un conflit opposant un groupe d’ouvriers français, dont l’usine menace de fermer, au patronat allemand, juché au sommet de son Olympe. D’ici l’affrontement final, nous aurons le loisir de visiter les dédales hiérarchiques, en suivant nos grévistes dans leurs sisyphiesques allers-retours.
Toutefois – et c’est la question qu’il faut poser –, En guerre est-il un film révolutionnaire? Dénonce-t-il l’ordre social existant ou, mieux, envisage-t-il un futur autre? Certes, il s’inscrit dans la tradition des films «de grève», dont on connaît les variantes, victorieuses (Bread and Roses) ou non (Germinal). Le sujet n’étant pas novateur, il reste à déterminer si on nous fera la grâce de proposer une autre voie, de ménager quelques retournements inattendus, de tenir un contre-discours salutaire, bref n’importe quoi qui nous changera du bulletin de nouvelles. Après tout, nous sommes «en guerre».
Or, hormis une voiture renversée et quelques CRS donnant l’assaut, dans cette «guerre» on s’engueule plus qu’on ne s’égorge. Quand nous mettons en parallèle cet affrontement fictif avec les guerres bien réelles auxquelles participe la France (Syrie, Mali), nous nous demandons si le titre n’est pas ironique… ou ne cache pas une opération de racolage publicitaire ciblant le gauchiste blasé.