Il ne faut pas prendre Jaurès pour un con
Vous dire que j’aurais voulu aimer serait un mensonge. De la mauvaise foi? Celle-ci va de soi. À gauche, comme tout un chacun le sait, on ne lit pas (ou plus) les auteurs de droite. Bête comme ça. C’est Louis Cornellier qui le disait, il n’y a pas si longtemps, dans Le Devoir. Les gauchistes de la vallée laurentienne continuent de travailler en sous-œuvre pour discréditer la parole des conservateurs de chez nous: «Des intellectuels comme Jacques Beauchemin, Éric Bédard, Mathieu Bock-Côté et Christian Rioux s’inscrivent, à plusieurs égards, dans la logique de Finkielkraut et, pour cette raison, sont honnis par une gauche allergique au discours identitaire québécois», écrit Cornellier. Sous le poids de la responsabilité qui échoit au gauchiste borgne, ayant peut-être une poutre dans l’œil, j’ai donc lu le dernier essai de Finkielkraut. Il s’agit de La seule exactitude, recueil de chroniques sur la politique et la société françaises parues de 2013 à 2015. De courts textes, issus d’interventions à la radio RCJ (Radio de la communauté juive) et dans le magazine Causeur, écrits par un homme à qui on aurait souvent, dit-il lui-même, refusé le statut de philosophe. Il acceptera, avec l’humilité de celui qui en sait trop, le statut d’amateur.
Il me semble qu’il n’y a pas si longtemps, la réflexion était plus généreuse, sans l’apocalypse au coin de la rue. Sans dire, comme Alain (Émile Chartier), que la pente est à droite, il faut croire qu’il y avait quelque chose au départ qui n’a fait que s’accentuer. Ce qui couvait là ne fait que brûler ici, ardemment. Dans cet essai, vous saurez donc tout sur la déliquescence de la civilisation occidentale, le règne du relativisme, la perte des repères séculaires, la mise à mal des valeurs de la République, la «dévastation narquoise» et la violence du dernier film de Quentin Tarantino. Tout ça donne lieu à ces quelques prises de position:
Le mariage pour tous. Selon Finkielkraut, le mariage était autrefois l’incarnation de l’alliance d’un homme et d’une femme; aujourd’hui, c’est le règne de l’individu («l’idéal de la nouvelle génération Internet: I know what I want and I want it now») qui choisit ce qu’il veut selon son bon plaisir. Finkielkraut nous sert, en citant l’écrivain Renaud Camus, l’argument qu’on utilisait, dans le bon vieux temps, contre le vote des femmes: amis homosexuels, n’allez pas vous perdre dans cette galère qu’est le mariage. Vous êtes libres. Vous ne le savez donc pas?