Inclure les exclus
Entretien avec Marie-Claire Blais
Liberté — De La belle bête à Une saison dans la vie d’Emmanuel ou d’Une liaison parisienne jusqu’au cycle Soifs, votre œuvre évolue et se transforme. Comment voyez-vous sa cohérence d’ensemble et les «périodes» que la critique y délimite?
Marie-Claire Blais — Lorsqu’un écrivain commence à écrire très jeune, je ne suis pas sûre que cette cohérence de l’ensemble des livres qu’il écrira lui soit à ce moment-là très visible, car il embrasse tout à la fois, poésie, théâtre, roman, nouvelles, mais c’est à mesure que le travail se fait, graduellement, que tout devient plus clair et moins confus. Ce qui compte au début, c’est la joie et la découverte de l’écriture, ce qui fut le cas pour l’écriture de La belle bête et des livres de jeunesse, mais dès la parution de Manuscrits de Pauline Archange, tout semble se dessiner autrement avec des tableaux sociaux mêlés à une écriture qui analyse davantage les caractères des personnages et la société fragile dans laquelle ils vivent. Mais personne n’est plus maladroit qu’un auteur pour décrire les périodes de son travail, ce que la critique souvent fait mieux que nous. Je crois quand même qu’il y a une cohérence de pensée pour ces livres, de La belle bête au cycle Soifs, du moins on peut retrouver les mêmes préoccupations qui hantent tous mes livres.
Pensez-vous clore ou continuer le cycle Soifs?