«Écoute avec moi ce qui monte dans ce féminin qui tente de se dire»
C’est en femme que je veux être lue et entendue. Ne me confine plus dans l’image mythique et sociale qu’on t’a donnée de moi dans la famille, dans la langue, dans les films, dans les livres et partout à la fois, comme mère d’une bonté divine, vieille fille tout en os ou en jeune fille d’insupportable candeur.
Ce n’est pas vrai que d’un côté il y a la raison, la logique, l’intellect, la raideur, le sec… et de l’autre, l’intuition, l’irrationnel, la pensée magique, la sensibilité, la douceur, l’humide… De ce manichéisme, de cette mort en rose, je suis saturée. Toi aussi, sans doute, ton nez est trop fin pour ne pas sentir que dans ce cimetière où nous sommes parqués tous les deux, les fleurs sentent nettement le pourri.
Écoute avec moi ce qui monte dans ce féminin qui tente de se dire. Je le sens et je ne peux pas toujours le saisir. Il a été lent, il a été long à venir. Mais il m’a pris en écharpe, au milieu d’autres femmes, en nouvelles moissons. Parfois c’est le dédoublement en ombre qui s’étire. C’est aussi l’ineptie, l’inertie où je me suis, où j’ai été abandonnée. L’indiscipline me gagne et avec elle l’emportement de quelque bonheur fou, même si déjà j’en sais la retombée. De l’acmé, il reste toujours quelque chose: le goût de pulpe, d’irrépressible de la mer.